Voyager en Argentine, c’est partir à l’aventure, le dépaysement. Cela vous évoque immédiatement la Patagonie ? Je vous invite à explorer aussi, voire même avant tout, le nord-ouest : un rêve d’enfant fait réalité.
Priorité : s’échapper vers l’ouest.
Vous atterrirez à Buenos Aires, mais mon conseil, étant toujours arrivée par voie terrestre, depuis le Brésil, le Chili ou la Bolivie, c’est de partir rapidement vers le nord (ou le sud), mais avant tout vers l’ouest. Nord-ouest ou sud-ouest, les deux directions vous réservent leurs lots de surprises, l’idéal étant d’avoir le temps d’explorer les deux extrêmes, du nord au sud. Vous reviendrez bien assez tôt dans la capitale fédérale, pour profiter de ses hôtels confortables, ses restaurants prestigieux, ses quartiers populaires et hauts en couleur : les incontournables Caminito et San Telmo, animés par les airs de tango et l’ambiance rétro des milongas (bals). Gardez quelques jours avant le départ pour effectuer un retour à la réalité en douceur : entre architecture européenne familière et touches d’exotisme.
Trouvez l’ouest au nord.
Vers le nord, vous tomberez comme moi, bouche bée d’admiration devant les chutes d’Iguazu et leur Garganta del Diablo (gorge du Diable), la plus haute de ses 275 cascades (90 m) dans laquelle s’engouffrent et rejaillissent presqu’aussi haut, des mètres cubes d’eau à la seconde. Puis vous vous laisserez transporter en arrière dans le temps par les histoires des missionnaires jésuites dans la proche province de Missiones, avant de rejoindre la région dite du NOA, Noroeste Argentino (nord-ouest argentin) : de San Juan de La Rioja à Jujuy, en passant par San Miguel de Tucumán, Cafayate, Salta. A chaque halte, vous trouverez une ville aux avenues perpendiculaires, et en son centre une place carrée, son église ou sa cathédrale, son hôtel de ville ou son palais du gouvernement provincial, et sa statue à l’effigie du libérateur, le général José de San Martín. Mais surtout, plus vous irez au nord, plus vous croiserez une population métissée, descendante des peuples andins originaires de la région : les coyas, d’abord envahis par les Incas, avant l’arrivée des Espagnols.
L’hospitalité andine : réservée mais entière et généreuse.
Là-bas, à la recherche d’une lagune nommée Pozuelos, où disait-on, il est possible d’observer des flamands rouges, je me suis perdue sous un orage au milieu de nulle part avec mon sac-à-dos, et c’est ainsi que j’ai rencontré Ana, une fermière d’une soixantaine d’année. Elle m’a ramassée sur le bord de la route, j’ai fait le voyage au milieu des peaux de lama, et quelques jours plus tard c’est l’instituteur du village, faisant office de guide touristique, qui m’a indiqué comment rejoindre la mystérieuse lagune, zone naturelle protégée. Je me rappellerai toujours des mots d’Ana le jour de notre rencontre près de La Quiaca : « Las indígenas somos los únicos argentinos » (« Nous les amérindiens sommes les seuls argentins », sous-entendu les « vrais »). Ana et moi sommes restées amies.
Comme dans un western andin.
Dans le canyon de Talampaya, dans la Vallée de la Lune (aussi appelé parc d’Ischigualasto), sur les collines aux sept couleurs à Purmamarca, dans les gorges de Humahuaca ou celles de las Flechas (des flèches), vous tomberez sous le charme de formations géologiques en tous points comparables à celles d’Amérique du nord. Sous les arches du Cabildo colonial de Salta, dans les rues du village de Púcara de Tilcara, au milieu des cactus et des cailloux, dans les ruines d’Humahuaca ou de Quilmes, dans le Tren a las Nubes (le train des nuages) qui de décembre à mars monte à 4000 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes, vous sentirez comme un parfum de western. Le vent qui soulève la poussière de sable, le soleil qui vous tanne la peau, ce silence, les villages fantômes, dans cette région riche en minerais (plomb, argent, zinc, sel, gaz, pétrole, fer) : il ne manquerait plus que surgisse une vieille dame sur son âne nonchalant, mâchant des feuilles de coca, ou un cavalier dans son élégant habit gaucho, pour que le panorama soit complet. Et il le sera !